Projet de loi sur les harkis : La France face à ses contradictions
Le travail mémoriel entamé par Macron sur le passé colonial et criminel de la France en Algérie, s’engage sur une fausse route, ou à tout le moins ne voie sans issue.
En témoigne, par exemple, le doute émis par le président français sur l’existence de la nation algérienne avant la colonisation française. Et, comme si cela ne suffisait pas, il n’est pas question pour Paris de repentance, ni même de présenter des excuses.
Ces dernières, e revanche, seraient présentées aux harkis à travers un projet de loi qui leur est spécifique. Cette question a beau être une affaire strictement franco-française, elle n’en trahit pas moins les orientions lourdes et la mauvaise foi de la France officielle s’agissant de la France officielle.
Pour comprendre la gravité de cette démarche, il suffit juste de souligner qu’elle ne serait pas sans rappeler un projet de loi qui se serait fixé pour but d’honorer les collabos de l’occupation nazie, et de leur présenter des excuses.
L’importance qu’accorde la France à cette question se mesure à l’aune des quelques 130 d’amendements introduits par les députés, tel que rapporté par L’Express qui cite à son tour l’AFP. Ce journal écrit ainsi que Le projet de loi jongle avec le symbolique et le concret. Il reconnaît les “services rendus en Algérie par les anciens membres des formations supplétives qui ont servi la France et qu’elle a délaissés lors du processus d’indépendance de ce pays.”
La France qui, en effet, a délaissé ces traitres-collabos, souhaite ainsi les dédommager et leur présenter des excuses. Elle ne le fait cependant gère amende honorable par rapport à ses odieux et innombrables crimes coloniaux.
Ce n’est pas tout. Si cette démarche était exempte de toute arrière-pensée viciée, elle aurait tout naturellement inclus dans le lot de ces rébus de l’humanité tous les traitres qui avaient marché avec le régime de Vichy durant l’occupation allemande de la France.
Cela n’est bien entendu pas le cas. Un traitre mérite les honneurs et les excuses quand il le fait pour servir les sévices français. Pour les autres, c’est le crâne rasé, l’humiliation publique et les exécutions sommaires. Au lieu de quoi, Le projet de loi prévoit aussi la “réparation” du préjudice avec, à la clef, une somme forfaitaire tenant compte de la durée du séjour dans ces sortes de camps de concentration.
D’ores et déjà, cinquante millions d’euros ont été inscrits dans le projet de budget 2022 pour alimenter le fonds d’indemnisation. Certes il s’agit là d’une affaires franco-française, il n’est pas moins question d’une grossière et inacceptable provocation à l’adresse de l’Algérie puisque cette mesure s’inscrit dans le cadre du prétendu travail mémoriel initié par le président français sortant Emanuel Macron.
Rafik Bakhtini