Sa trésorerie a été impactée durement par la crise sanitaire
Air Algérie a besoin d’un plan de sauvetage
Air Algérie revient au cœur de l’actualité nationale sur fond de crise financière. Une rencontre, ayant réuni mercredi sa direction générale avec le ministre des Transports, a abouti sur la mise en place d’un programme de relance des activités de la compagnie nationale. « La vision prospective pour le développement de la compagnie et se préparer à la période post-coronavirus, en prenant en considération les grands changements enregistrés en matière de transport aérien aux plans local, régional et international » annonce-t-on (voir article de La Patrie news publié le 17 septembre 2021). Le challenge est de replacer le pavillon national dans la concurrence autour de dessertes internationales fortement lucratives. L’enjeu majeur de la démarche est de rattraper, à courte échéance, les pertes financières importantes, induites par la crise sanitaire. A partir du 17 mars 2020, jour de la fermeture hermétique des frontières aériennes, les avions d’Air Algérie sont restés cloués au sol, pendant plus d’une année. Ils ont consommé, toutefois, le budget consacré à leur entretien. Au chapitre des dépenses incompressibles, il a fallu additionner les charges liées à la masse salariales et les frais de fonctionnement des agences à l’étranger. En contrepartie, la compagnie ne générait que très peu de bénéfices dans le transport de personnels de Sonatrach, puis rapatriement de quelques 40000 ressortissants algériens bloqués à l’étranger et enfin reprise partielle des vols domestiques et à l’international. Air-Algérie a transporté 1,5 million de passager en 2020 contre 17 millions en 2019. L’écart est édifiant. La filiale cargo, dont une partie a été consacré au fret de dispositifs médicaux et produits pharmaceutiques liés à la Covid-19, représente une part infime du chiffre d’affaire, et ne saurait donc sauver les finances de l’entreprise.
Au mois d’avril dernier, la direction de la compagnie aérienne a évoqué une perte sèche de 38 milliards de dinars sur le chiffre d’affaires prévisionnel des vols passagers. Selon des sources internes, le préjudice financier avoisinerait les 89 milliards de dinars à la fin de l’année 2021.
Au début du mois de septembre, le PDG par intérim a clairement requis une aide financière de l’Etat, sous forme de prêt remboursable. La trésorerie de l’entreprise aurait besoin d’être renflouée à hauteur d’environ 750 millions d’euros, soit 120 milliards de dinars, « destiné à couvrir les dépenses de l’entreprise et les salaires des 9600 employés, et à rembourser les dettes de l’entreprise auprès d’investisseurs étrangers.
Pour l’heure, les hautes autorités de l’Etat ne parlent d’aucune aide financière directe accordée à Air Algérie. Il n’en demeure pas moins que le plan quinquennal, annoncé hier, prévoit « le renforcement de la position de la compagnie sur le marché algérien, le développement des lignes intérieures et le renouvellement de la flotte d’Air Algérie pour un accès au marché africain croissant », ainsi qu’une révision de la législation spécifique. Ces mesures, couplées à celles déjà prises dans l’urgence, sortiraient certainement la compagnie de la zone de turbulence.
Soulef Biskri