Afrique : l’Union européenne doit proposer un « narratif » plus encourageant
«La nécessité de trouver un accord-cadre entre l’UE et le continent africain n’a jamais été aussi forte dans le contexte post-Covid ». C’est le constat établit par Patrick Sevaistre, Président de la Commission Institutions européennes du CIAN (Conseil français des investisseurs en Afrique), dont une contribution à la publication mensuelle Visions d’Afrique.
Mais si l’Europe n’a pour elle-même d’autre choix à proposer qu’un partenariat plus positif et plus proactif pour un « new deal » post-Covid en Afrique, explique-t-il, les Africains, eux, ont clairement le choix…
«L’Afrique, de plus en plus courtisée par d’autres partenaires, pourrait être encline à limiter successivement ses relations avec l’UE et à considérer les Européens comme de simples pourvoyeurs d’aide et de sécurité pour lutter contre le terrorisme», souligne M. Sevaistre.
C’est pourquoi, dans un contexte marqué par une rivalité croissante entre les grandes puissances, « l’Union européenne doit affirmer davantage son rôle de premier partenaire de l’Afrique ». Pour ce faire, explique l’auteur de la contribution, «lui faut aller au-delà des déclarations d’intention pour proposer un ‘’ narratif’’ plus engageant et plus lisible, fondé sur un partenariat de projets proches du terrain et qui répondent aux besoins réels des Africains».
Dans cette perspective, analyse M. Sevaistre, «le secteur privé national – surtout formel, car particulièrement fragile –, doit devenir un enjeu essentiel des politiques publiques à mettre en place ».
Face à la chute des recettes publiques en Afrique, «c’est donc bien sur le secteur privé que va reposer le financement futur de la dépense publique nationale ». Enchaînant, M. Sevaistre indique que « c’est sa composante formelle qui devra assurer l’emploi et, au travers de la fiscalité, financer les services de santé et d’éducation africains de demain, et non l’aide au développement ».
Yacine Bouali