Question sahraouie : Paris continue de souffler le chaud et le froid
La visite au Maroc de la cheffe de la diplomatie française, Catherine Colonna ne pouvait pas passer sans que la question du Sahara Occidental ne soit abordée. Et, elle l’a été, effectivement, lors de la conférence de presse animée conjointement par elle et son homologue marocain, Nacer Bourita. Cela a été surtout l’occasion pour Paris de confirmer sa position médiane et attentiste, tenant le bâton par le milieu, et qui fait hélas beaucoup de tort à la légalité internationale, et à la cause sahraouie. Ce disant, on se rend compte, et on conçoit aisément que, se trouvant à Rabat, sur un « territoire hostile », Colonna se met sur des œufs, et mesure la portée de chacun de ses mots, afin de dérouler la dizaine de phrases, qui semblent avoir été soigneusement préparées, d’autant que la question a été posée par une journaliste de l’AFP, venue de France, et sans doute « briefée » à l’avance, aux fins de « désamorcer la salve de questions qui avaient sans doute été cogitées par les « médias » de Nacer Bourité et Abdellatif Hammouchi. Ce que l’on en retient, c’est que Colonna arrive à tirer son épingle du jeu. Elle commence par rappeler, comme de juste, que « la position de la France sur le Sahara Occidental a toujours été claire et constante », ce qui est absolument vrai. Elle est pour « une solution juste et réaliste ». le terme « conforme à la légalité internationale a disparu des éléments de langage choisis. Idem, bien sûr, pour le « référendum d’autodétermination ». il ne fallait quand même pas d’attendre à des miracles depuis Rabat, sachant que Paris a toujours joué un malsain double jeu au sein du conseil de sécurité. Preuve en est que sa position a été « bien appréciée » par le Maroc lors du vote de renouvellement du mandat de la Minurso. Bref, Colonna se lance dans des lieux communs, rongés par le temps, et pouvant vouloir dire aussi bien la chose que son contraire. Bref, Colonna soutient le « cessez-le-feu », sans toutefois nous dire duquel il s’agit. Si c’est de celui de 1991, force nous serait de rétorquer que, sans jeu de mot aucun, la France est en retard d’une… guerre. Celle-ci dit aussi soutenir les efforts de l’envoyé personnel du SG de l’ONU pour le Sahara Occidental Staffan de Mistura. Dans ce genre de délicates rencontres avec la presse, truffées de pièges linguistiques et/ou gestuels, Colonna n’en parle pas moins du souhait de la France pour une « reprise des négociations entre les deux parties ». pas question donc de reprise de la formule éculée des tables rondes, qu’Alger a fini par refuser catégoriquement et publiquement. Quant au retour vers un dialogue direct, il est conditionné par la mise en place d’un agenda clair en vue de la tenue d’un référendum d’autodétermination du peuple sahraoui. Faute de quoi, le front Polisario ne renoncera jamais à la lutte armée. D’autant que c’est le Maroc qui est dans son tort lorsqu’i a rompu le cessez-le feu en attaquant la zone tampon d’El Guerguerat en date du 13 novembre 2020. Quant à Bourité, en proie au complexe du colonisé, multipliant les tics, les courbettes et les stériles salamalecs, force est de relever qu’il balbutiait et murmurait au lieu de parler. Il incarne ainsi le visage véritable de la diplomatie marocaine. Celle-ci carbure au chantage et aux pots de vin. Le scandale du Parlement européen est d’ailleurs là pour nous le rappeler…
Mehdi Ghayeb
Conférence de presse conjointe de la Ministre Catherine Colonna, et de son homologue Nasser Bourita.