Réduction des visas : une ONG française dénonce vigoureusement
La Cimade, une importante association française qui défend les droits des personnes réfugiées et migrantes, a dénoncé, dans un communiqué publié mercredi, la réduction de moitié du nombre de visas accordés aux Algériens et Marocains, et de 30% aux Tunisiens.
D’emblée, l’ONG française a qualifié la décision du président Emmanuel Macron de « mesures injustes et inacceptables ». « D’abord, parce que la logique sous-tendant ces mesures de rétorsion s’inscrit dans un contexte plus large de relations diplomatiques particulièrement déséquilibrées entre la France (et au-delà, l’Union européenne) et les pays tiers en matière de gestion des flux migratoires, une philosophie de marchandage particulièrement contestable, visant à utiliser la question de la délivrance de visas comme moyen de pression. C’est une bien étrange conception de la coopération qui interroge d’autant plus au regard de l’histoire commune qui unit la France et ces trois pays », tonne le communiqué.
Pour elle, ces mesures vont affecter « toutes les personnes algériennes, marocaines et tunisiennes (ou françaises d’origine algérienne, marocaine et tunisienne) résidant en France et qui attendent la visite d’un.e proche ». « Sachant qu’il y avait déjà eu une baisse notable des visas délivrés en 2019 et 2018, c’est en réalité une baisse beaucoup plus importante qui va s’opérer. Avec à la clé, une inacceptable mise en danger des personnes qui continueront à essayer de venir en France par des voies irrégulières, que l’on sait dangereuses et mortifères », s’insurge le communiqué.
Dans son communiqué, la Cimade remet en cause la version officielle du gouvernement français, laissant croire que cette réduction drastique a été décidée en raison du manque de coopération des trois pays maghrébins. « Il faut tout d’abord souligner que la non-exécution des OQTF (obligation de quitter le territoire français) n’est pas uniquement liée à la délivrance ou pas des laissez-passer consulaires, contrairement à ce que laisseraient penser les annonces ministérielles. En 2020, elle a pour beaucoup été liée au contexte sanitaire et à la fermeture des frontières », a précisé le communiqué.
Ce n’est pas tout. Les personnes enfermées en centres de rétention administrative (CRA), « beaucoup sont en réalité libérées, soit parce que les procédures ne sont pas respectées par les autorités, soit parce que les personnes ont le droit de rester sur le territoire français (en raison de leurs attaches familiales notamment, de leur état de santé, de l’ancienneté de leur présence en France.) ».
Enfin, la Cimade appelle à « changer de regard et de penser enfin accueil, solidarité et véritable coopération internationale, au bénéfice des tous les pays et de leurs ressortissant.e.s. ».
Skander Boutaiba